Un jour viendra, nous aurons des rêves à nouveau. Et le coeur vierge de tout passé nous ouvrirons les yeux sur un nouveau monde.

Depuis quelque temps j'avais délaissé Saez : il me rappelait mon adolescence et son lot de conneries. J'ai quand même voulu le revoir en concert mais jusqu'à là, je n'étais pas vraiment euphorique comme il fût un temps. C'était juste une occasion d'assister à un concert avec une amie. A l'écoute de son nouvel album j'ai même été déçue. Les paroles manquent de profondeur : on dénonce, on dénonce et puis la poésie n'est plus.
Mais l'autre fois, dans le train, mon Ipod dans les mains, je retombe sur l'enregistrement live de ce fameux 17 novembre 2005. Nancy-Salle Poirel. Un concert acoustique magique. Ni plus, ni moins. Je me reprends une immense claque et redécouvre alors mes émotions d'autrefois. Et après cette écoute, je suis devenue euphorique de retrouver tout cela le temps d'un concert. Redevenir l'ado d'antan et envoyer bouler le monde entier.
J'avais oublié. J'avais oublié ce que c'était que d'avoir un frisson à l'écoute d'une chanson. J'avais oublié ce que c'était que de ressentir un texte. J'avais oublié ce qu'étaient mes souvenirs. J'avais oublié.
Et se prendre ses 15 ans en pleine face une fois la vingtaine passée, ça fait bizarrement quelque chose. Je me suis revue gamine pleurant un monde d'illusions. Je me suis revue dans les bras de ma meilleure amie de l'époque. Je me suis revue vivre mes déceptions. Je ne pleure plus ce monde, je le vis. Certaines illusions sont devenues réalité. Je ne suis plus amie avec des personnes fausses. J'essaye de ne plus être déçue par les gens en devenant plus je-m'en-foutiste.

Je crois que Saez a fait mon éducation : j'ai vu le monde à sa façon. Je suis heureuse d'être sortie de cette période. Comment dire ? J'ai évolué, sans pour autant changer. Je vois le monde à ma façon, sans le voir totalement différent qu'il y a 5 ans. Je garde un souvenir mitigé de mes 15-16 ans : la seule chose qui vaille la peine d'être retenue c'est la découverte de cet artiste. Il m'a bercée, m'a vue grandir et m'a finalement lentement abandonnée pour me laisser vivre sereinement.
Je me souviens de moins en moins de mon passé : j'ai fini par ne plus gratter la croûte et par cicatriser pour de bon. Une peau neuve est venue remplacer la plaie. Les amitiés brisées ou oubliées et les déceptions adolescentes ne me hantent plus : j'ai appris à m'endurcir et à oublier comme vous oubliez tous.
Un jour, je m'étais promise d'être heureuse comme vous. Je crois que j'y arrive presque. Même si je ne vois pas assez souvent certaines personnes pour l'être totalement. J'espère ne jamais perdre ces rares amies. J'espère ne jamais perdre cette sensibilité qui me prouve que je suis vivante. Et les personnes que j'ai choisi de sortir de ma vie ou qui en sont sorties toutes seules ne me font plus rien : je les regarde de loin sans les regretter.

Ce week-end, mon frère et moi avons fêté nos 20 et 25 ans avec la famille et les amis : ma mère avait préparé un montage vidéo de différents extraits de films de quand on était petit : l'innocence, les vacances et les bêtises c'était bien, c'était chouette comme dirait l'autre. J'ai toujours eu peur de grandir, mais je me soigne. Parce-que finalement, grandir aux côtés des bonnes personnes, c'est moins douloureux.

J'ai l'âme de l'enfant et la mémoire du vieux.

Comments

[Lilly]

Vois tu as 15 ans, presque 16, je suis une fan de Saez, peut-être comme tu l'as été au même âge, et j'espere vivre la même "éducation" si on peut appeler ça comme ça, que celle qu'il t'a donné. Parcequ'actuellement, je ressens exactement ce que tu as pu ressentir, et je ne cesse de penser qu'à travers son étrange personnalité, Damien Saez doit être quelqu'un d'extraordinnaire.

J'ai adoré ton article, sur lequel je suis d'ailleur tombée par hasard !
Bonne continuation !

[behind-the-sky]

L'amitié aussi c'est fait. J'ai juste mis du temps à comprendre quels étaient les vrais amis. Mais deux me suivent depuis bien longtemps maintenant. :)

[Karleman]

Les amitiés pendant l'adolescence marquent autant que les amours. En grandissant, en avançant dans l'âge, d'autres naissent et son aussi, voir parfois plus belle.
Je te souhaite une vraie amitié. Je crois que pour l'amour, je n'ai pas se souhait à te faire, parce que j'ai lu que c'est déjà fait. :)
à bientôt